Je me souviens de ces moments de grâce dans mes voyages. La contemplation de la laguna Colorado en Bolivie, les plateaux désertiques du Pamir en Asie Centrale, les prairies de Tagong au Tibet.
Plus récemment sur le chemin de la liberté dans le Lubéron avec un groupe, quand nous pénétrons dans la forêt de cèdres. Ou encore au matin du 2e jour lorsque nous découvrons l’esplanade du château de Lacoste, cette statue des bras ouverts et la vue sur la montagne.
Seul ou en groupe, c’est à chaque fois la même chose : le silence qui s’impose, la contemplation qui ralentit le temps, le souffle qui s’apaise. Cette sensation curieuse de se connecter à quelque chose de profond, cette impression à la fois de légèreté et de puissance intérieure.
Je suis sûr que tu as aussi connu de tels moments de grâce et d’émerveillement, que ce soit avec la nature, la musique, le cinéma, une rencontre.
Ce sont à chaque fois des portes qui s’ouvrent pour nous connecter à notre source et nous relient à des émotions puissantes.
L’émotion est la clé de tout changement, et on ne se transforme pas avec la tête. Pour être ancrée et provoquer une action juste, toute information nouvelle doit être reliée à une émotion.
J’adore écouter l’explorateur Christian Clot qui a fondé le Human Adaptation Institut et étudie les mécanismes d’adaptation de notre cerveau dans des conditions extrêmes.
À chaque fois, il replace l’émerveillement comme moteur du changement, comme carburant pour faire un pas dans l’inconnu, comme exhausteur de confiance. C’est un déclencheur d’énergie vitale qui nous connecte à ce que nous sommes vraiment.
Dans une de ses conférences, il parle de la nécessité de métaboliser l’émerveillement, dans le sens de l’intégrer dans le corps comme une substance nécessaire à notre adaptation au changement.
Il pose l’émerveillement comme une théorie scientifique indispensable à l’exploration du futur. C’est aussi ce que dit le neuroscientifique Jacques Fradin pour faire basculer notre cerveau du mode automatique, incapable de gérer l’inconnu, au mode adaptatif, celui de la créativité et de l’exploration.
Il ne suffit pas de se souvenir des belles choses, mais de vouloir créer ce que je vais aimer, de projeter notre cerveau vers un futur désirable, de ressentir ce nouveau possible.
Les temps d’émerveillement ont toujours agi sur moi comme déclencheur de prises de conscience, d’envie d’agir, de lucidité, de paix.
Lorsque nous accompagnons des groupes dans le Luberon avec Fanny, les séances de travail après ces temps d’émerveillement sont toujours des étapes importantes et puissantes pour chacun.e.
Je crois qu’il est essentiel de cultiver, provoquer, décider ces espaces temps différents où l’émerveillement va pouvoir prendre toute sa place. Le voyage et la marche sont de formidables clés pour accéder à cette dimension qui ouvre la porte du changement.
Rappelle-toi les émerveillements qui ont compté pour toi. Que fais tu pour décider et s’occuper de ton émerveillement ?
La marche transformatrice permet de changer facilement d’espace-temps pour lâcher prise, ressentir et laisser toute sa place à l’émerveillement. C’est en s’autorisant ces moments de présence, en s’émerveillant de la beauté de la nature, des relations authentiques avec les autres que les graines du changement peuvent commencer à germer.